Hendrick Goltzius d’après Cornelis van Haarlem, Le Dragon dévorant les compagnons de Cadmus, 1588, burin sur papier vergé filigrané. Musée Jenisch Vevey – Cabinet cantonal des estampes, collection de l’État de Vaud © Musée Jenisch Vevey – Cabinet cantonal des estampes, collection de l’État de Vaud. Photo Julien Gremaud
Dans les imaginaires collectifs d’hier et d’aujourd’hui, l’expression «art cruel» évoque à l’évidence un nombre impressionnant d’images et de sujets qui jalonnent l’histoire de l’art: crucifixions, martyres, blessures, scènes de supplices et massacres ont ainsi traversé les siècles.
La création contemporaine explore elle aussi cette thématique : puisque la cruauté est au cœur de l’être humain, ainsi que le répète à l’envi un grand nombre de penseurs, elle hante donc l’art. Témoigner de la brutalité du monde a constitué un défi permanent que les artistes ont tenté de relever, en montrant la cruauté nue ou maquillée. À toutes les périodes, ils en sont les témoins, et parfois même les victimes. Pour autant, existe-t-il des limites à la liberté d’expression ? Les artistes peuvent-ils ou doivent-ils tout dire, tout montrer, en matière de cruauté ?
Par Claire Stoullig, commissaire invitée, et Emmanuelle Neukomm, conservatrice Beaux-Arts